La République de Djibouti est située au centre d’une zone d’effondrement faisant suite à la Mer Rouge, et qui s’étend entre les plateaux d’Ethiopie, d’Arabie et de la Somalie. Selon les géologues, la contrée délimitée par le lac Assal et le Goubet-Al-Kharab, qui appartient à la dépression Afar, n’est qu’un chaînon émergé pour un bref moment de l’histoire terrestre. Dépression Afar, Mer Rouge, et Golfe d’Aden, étroit sillon marin, l’ensemble forme un futur océan : l’océan érythréen. « Il n’a que 25 millions d’âge, disent les spécialistes, et 500 km de large, mais dans deux cents millions d’années, il sera aussi vaste sans doute que son grand frère l’Atlantique ».
Cette situation géologique exceptionnelle fait que le territoire de la République de Djibouti reste continuellement exposé à des secousses sismiques, de faible intensité toutefois, qui sont les manifestations du déplacement très lent (2 cm par an, en moyenne) des plaques d’Afrique et d’Arabie.
La zone lac Assal – Goubet, point de convergence de trois portions du rift, où l’écorce terrestre n’excède pas cinq kilomètres d’épaisseur (contre plusieurs dizaines normalement), est en outre une zone de prédilection pour les phénomènes telluriques. C’est ainsi que s’est formé, en novembre 1978, non loin du Lac Assal un volcan d’une quarantaine de mètres de hauteur, qu’Haroun Tazieff, aussitôt arrivé sur les lieux, allait appeler « Ardoukoba ».
A cette occasion, on a pu assister directement à un brusque écartement d’un mètre vingt entre l’Afrique et la péninsule arabique, pendant que s’ouvrait une faille principale de douze kilomètres de long entre le lac Assal et l’anse du Goubet.
De mémoire d’homme, ce phénomène d’écartement des plaques terrestres ne s’était produit qu’au fond des océans, d’où l’intérêt passionné que les scientifiques du monde entier ont accordé, au delà du somptueux spectacle tellurique que constitue la formation d’un volcan, à cette première manifestation visible de la naissance d’un océan. A n’en pas douter, le territoire de Djibouti, sur lequel l’érosion du temps a eu fort peu de prise, est un incomparable livre de géologie qui se lit à ciel ouvert.